La Fidhy vous propose une réflexion de l’un de ses adhérents, Yvon Cottet, contributeur régulier de notre revue FIDHY Infos. Nous le remercions d’avoir pris le temps d’écrire ces lignes. Ce texte a été écrit le 15 décembre 2020.
1. Le contexte
Nous vivons actuellement une situation très paradoxale de confinement et de repli due au virus du SARS-CoV-2 dont les dimensions sont 500 fois plus petites qu'un cheveu qui mesure environ 50 micromètres. Nous sommes donc face à un ennemi invisible ou presque.
Depuis le début de cette pandémie à Wuhan (Chine) le 17 novembre 2019 et jusqu’au 1er décembre 2020, ce minuscule virus aurait causé la mort, dans le monde (selon le site wordometers), de 1,47 millions de personnes. Il est en revanche très difficile de trouver des données fiables sur l’âge et l’état de santé initial (comorbidité) des personnes décédées.
Pendant ce temps, du 1er janvier au 1er décembre 2020, les statistiques mondiales sur le nombre de morts nous donnent les chiffres suivants : 54 millions de décès dont 7 millions d’enfants de moins de 5 ans, 1,54 millions de morts par le HIV/AIDS, 7,5 millions par le cancer et 4,6 millions morts à cause du tabac, des millions d'enfants qui meurent, 847 millions de personnes qui souffrent de malnutrition et 796 millions n’ont pas accès à l’eau potable, le tout dans l'indifférence générale.
Je ne vais pas m’étendre plus sur ces données chiffrées. Cependant, tous les jours, les médias nous délivrent les chiffres de la peur : le nombre des testés, les positifs, les réanimations, les décès. L’angoisse ainsi distillée parasite notre vision de la situation, brouille nos systèmes d'analyse, réduit nos capacités intellectuelles et nos défenses immunitaires.
Sans vouloir minimiser l’importance de cette pandémie, il me semble bon toutefois de la relativiser face aux immenses challenges sociaux et environnementaux qui nous attendent dans un futur proche.
Les dirigeants actuels profitent de cette pandémie pour réduire significativement nos libertés. Nos déplacements sont mis sous contrôle, le monde du spectacle et de la culture est réduit au silence. L’information sur la santé est limitée, les thérapies alternatives et complémentaires sont bâillonnées. Les personnes qui contestent les décisions officielles sont désignées comme « Complotistes » alors que si nous regardons lucidement les égarements, contradictions et absurdités de nos gouvernants, on peut se poser la question de « Mais ou sont les complotistes ?»
La lutte contre la pandémie provoque une réduction significative de nos libertés : déplacements sous contrôle, réduction au silence du monde de la culture et du spectacle, polémiques autour des thérapies alternatives et complémentaires.
Les dirigeants actuels profitent de cette pandémie pour réduire significativement nos libertés. Nos déplacements sont mis sous contrôle, le monde du spectacle, de la culture et des loisirs en général est réduit au silence. L’information sur la santé est limitée, les thérapies alternatives et complémentaires sont bâillonnées. Les personnes qui contestent les décisions officielles sont désignés comme « Complotistes » alors que si nous regardons lucidement les égarements, contradictions et absurdités de nos gouvernants, on peut se poser la question de « Mais ou sont les complotistes ?»
Je suis rentré dans le monde du Yoga en 1974 et je ne l’ai plus quitté depuis. A cette époque, le yoga était confidentiel voire parfois tabou et pourtant je nourrissais déjà, de grands espoirs de voir le monde se transformer grâce à ce merveilleux art de vivre que je découvrais.
Aujourd’hui, les revues, livres ou sites web sur le yoga peuplent notre univers quotidien et même nos publicités. En 2019, 2.6 millions de Français pratiquaient le yoga. Le but recherché par ces personnes serait selon les statistiques (https://www.santemagazine.fr/actualites/actualites-beaute-forme/plus-de-deux-millions-de-francais-pratiquent-le-yoga-361836) :
83% pour évacuer le stress
65% prendre soin et entretenir leur corps
37% pour rester en bonne santé
Dans ce contexte nouveau de mascarade*, confus et déstabilisant, comment le yoga peut-il nous aider à rester impartial, à voir plus clair, à préserver notre discernement et nos libertés.
Essayons de tracer quelques pistes pour penser par nous-mêmes et retrouver le chemin de la liberté individuelle et collective.
Mais, attention, les conseils que nous allons aborder ne doivent pas évincer les gestes barrière essentiels pour limiter la transmission des virus.
* Une mascarade est, dans la culture occidentale, une manifestation festive au caractère satirique rassemblant des personnes masquées et déguisées
« Nos plus grands obstacles sont nos plus grandes opportunités », Sri Aurobindo.
Toutes les données chiffrées mondiales sont issues du site https://www.worldometers.info
2. Le pouvoir du yoga
La finalité du Yoga, ce n’est pas la recherche de la santé, du bien être ou la réduction du stress.
En réalité, le but du yoga c’est Moksha, la libération, c'est-à-dire :
Connaître les mécanismes qui nous entraînent dans le cercle illusoire de l'existence (samsara)
Cesser de s'identifier avec eux, par la «connaissance qui discrimine» (viveka)
Se connaître et être « Soi » (atman), relié à l’Absolu(Brahman).
Il semblerait que cet objectif ultime du yoga ait été complètement oublié par un grand nombre des enseignants et pratiquants actuels.
Patanjali (entre 300 av. J.-C. et 500 ap. J.-C), génial compilateur des Yoga sutra, est clair et précis, dès la deuxième ligne de son ouvrage, sur la finalité de la méthode :
« Le Yoga est l’arrêt de l’activité automatique du mental (I.2). Alors se révèle notre centre qui est notre vraie nature (I.3) ».
Habituellement, nous utilisons le mental inférieur (manas) pour évoluer dans le monde ordinaire. Manas enregistre les sensations, les perceptions et pensées du monde environnant pour s’en servir comme base d’apprentissage. Manas mémorise et interprète pour produire une pensée. Ainsi, notre fonctionnement ordinaire est fait d’automatismes inconscients et répétitifs. Nous sommes en réalité pensés de l’extérieur. L’univers que nous habitons est fait de vibrations (ondes, pensées, 4G,….) qui nous traversent en permanence sans que nous en ayons pour la plupart d’entre nous conscience. Et pourtant, ce phénomène est réel. Nous sommes, ainsi, le jouet des influences généalogiques, familiales, culturelles, sociales et collectives qui peuplent notre monde personnel. Chaque événement physique, psychique, chaque sensation, sentiment, pensée, laisse une trace (samskaras) quelque part en nous (corps physique, cerveau, corps subtil). L’ensemble de ces samskaras forme nos tendances (les vasanas). L’ensemble de ces vasanas va constituer notre paysage propre, notre personnalité égotique.
Non seulement chacune de nos pensées, de nos paroles ou de nos actes va influencer notre devenir mais nous subissons aussi, en permanence (consciemment et inconsciemment) un bombardement d’informations de l’extérieur qui sculpte notre personnalité.
Si l’on se laisse influencer tous les jours par les médias officiels et les conversations type café du commerce, on est conditionné sans en être conscient et surtout sans pouvoir contrôler la nature de ces informations.
Premier geste barrière : Prends du recul et de la distance avec toutes les informations officielles.
Dans le contexte actuel où le mental inférieur affectif prend le dessus avec toutes ses incohérences et jugements hâtifs, il est très important de rester vigilant et de garder la tête froide. Pour cela le yoga nous dévoile un moyen, présent en chacun de nous, pour faire face : le mental supérieur (buddhi). C’est le centre de la raison, du jugement et de l’intelligence discriminative. Pour que Buddhi puisse s’exprimer, il est précieux de laisser s’installer un état d’attention relâché. Seuls la détente et le lâcher prise associés à une respiration lente, profonde et consciente vont laisser se dévoiler un état de tranquillité propice à l’arrivée bienfaitrice du témoin intérieur que certains appellent la Pleine conscience mais que je préfère appeler la pure conscience ou esprit lumineux. Cette pure conscience va permettre à l’intuition et la vision juste et pénétrante de s’installer. Il est alors difficile de se laisser aller aux pensées négatives et erronées. Pour dégager la pure conscience, le yogi retourne ses sens (indriyas) vers l’intérieur et il se laisse traverser sans interférer par tout ce qui passe au travers de son être. Ainsi, le voile de l’ignorance se lève, le Soi, le témoin peut apparaître…
Deuxième geste barrière :
Rends encore plus consciente ta conscience dans un état de vigilance relâchée,
ici et maintenant.
Le yoga est un art de vivre ici et maintenant. Sa pratique ne se limite pas à l’espace du tapis ou de la salle. Dans la démarche du ashtanga yoga de Patanjali, le pré requis initial aux pratiques posturales, respiratoire et mentales, c’est d’avoir réglé ses problèmes relationnels avec le monde environnant. Voilà les règles de vie collective (yamas) définies dans les sutras : « Les Yamas sont la non-violence, la vérité, le désintéressement, la modération, le refus des possessions inutiles ». Quel vaste et beau programme qui nous emmène vers une relation vraie et juste avec les autres.
Troisième geste barrière :
En société, surveille tes actes, en famille surveille tes paroles, lorsque tu es seul, surveille tes pensées. Cultive la bienveillance envers toute la manifestation !
La peur et la confusion on été diffusées largement dans l’ensemble de nos inconscient collectifs. Le yoga n’est pas une technique de bien être ni de recherche de santé, c’est une discipline exigeante de chaque instant (tapas), une étude de soi permanente en vue d’un abandon total confiant et joyeux aux forces cosmiques( ishvara-pranidhana).
La démarche du Yoga est aussi comme Mircea Eliade l’a magnifiquement expliqué, tout au long de son œuvre, un refus de l’existence ordinaire. Ainsi, le yogi, par les postures immobiles (asanas), refuse l’agitation du corps ; il contrôle son souffle et ses pensées pour ne pas se laisser aller à ses propres mécanismes inconscients. Pour illustrer cette démarche de refus : « Il n’y a que les poissons morts qui nagent dans le sens du courant ».
Patanjali ( Yoga Sutra II.32 et II.33) nous décrit les cinq règles de vie personnelle du Yogi (les niyamas) et les moyens de les atteindre :
« Être clair dans ses pensées et ses actes, être en paix avec ce qu'on vit, sans désirer plus ou autre chose, pratiquer avec ardeur, apprendre à se connaître et à agir dans le mouvement de la vie, telles sont les règles de vie que propose le Yoga. »
« Quand les pensées perturbent ces attitudes, il faut laisser se manifester le contraire. »
Ainsi, lorsqu’il est perturbé, l’adepte du yoga va cultiver des pensées de calme, de pureté, de contentement, de rappel de soi et de volonté.
Quatrième geste barrière :
Cultive le courage, la confiance et la joie.
En pratiquant ces gestes simples, nous allons rester lucide et prendre de la hauteur face aux circonstances actuelles. Nous ne serons plus ballottés par les événements, tel un bouchon qui monte et qui descend au gré des vagues de l’océan. Le yogi est libre de ses pensées, de ses paroles et de ses actes car il est conscient et présent à chaque instant important de sa vie.
Quelques gestes barrières complémentaires
En complément, voici encore quelques gestes simples de bon sens qui pourront nous aider à passer plus facilement le cap que nous vivons. Afin de limiter les risques de pathologie grave suite à contamination par le virus, la naturopathie nous conseille de renforcer notre terrain pour élever le niveau de notre système immunitaire.
Manger varié, local, de saison et si possible bio. Si besoin, prendre quelques compléments alimentaires sous les conseils d’une personne compétente. Prendre l’air, et respirer longuement, profondément en utilisant la science du pranayama (art respiratoire du yoga). Pratiquer les exercices clés du Hatha-yoga, se relaxer, méditer, se relier à l’infini et vibrer à l’unisson avec l’Absolu.
« Au lieu de chercher ce que vous n'avez pas, trouvez ce que vous n'avez jamais perdu. » Nisargadatta Maharaj
3. La voie libre
Il faut absolument que la pratique du yoga retrouve ses vraies valeurs et son sens originel. Puisque nous sommes déjà le Tout, la conscience suprême, alors il n’y a rien à trouver ni rien à chercher. Le yoga est donc un voyage de ici à ici. Ce qui compte, ce n’est pas la destination mais le chemin, le chemin de tous les jours. La voie du yoga est, ainsi, une présence consciente de chaque instant. Alors le voile de l’ignorance se lève et il se dégage une pure conscience qui est libération, éveil. L’adepte est saisi, il n’est plus dans le monde mais le monde est en lui. Tat tvam asi (Chandogya Upanishad) c’est à dire Tu es Cela ; tu es tes cellules, ton corps, la terre, l’eau, le ciel, les fleurs, les oiseaux et aussi tous les êtres humains qui vivent. Poussière d’étoiles, tu es l’univers entier, uni vers l’UN. Lorsque ce déchirement du voile s’est produit au moins une fois, il est impossible au chercheur de vérité de vivre en dehors des règles de la vie collective (les Yamas) tel que définies par Patanjali. La liberté intérieure du yoga l’entraîne vers une responsabilité personnelle vis-à-vis de Tout, de l’atome à la galaxie… Le yogi agit librement et son action est impeccable ; c’est beau, c’est bon et c’est vrai. Tout système extérieur qui imposerait des restrictions de liberté devient totalement inutile.
« La liberté vient d’une Unité sans limites, car tel est notre être véritable ». La mère
Actuellement, en France, on trouve de nombreuses écoles de Yoga et presque autant de fédérations. Cette dispersion de « chapelles » nuit grandement à l’esprit du Yoga ; un certain chauvinisme est parfois présent dans certains courants. Le monde du yoga exerce peu d’influence sur les décisions et orientations de la société civile, alors qu’il concerne maintenant de plus en plus de personnes à titre individuel.
Il serait bon que l’ensemble de ces écoles se fédèrent en une unique association qui aurait une influence beaucoup plus importante sur nos instances dirigeantes! Cela permettrait, aussi d’entreprendre des vrais recherches et échanges sur les différentes pratiques dans un esprit d’ouverture et de partage.
La FIDHY et d’autres fédérations françaises et européennes sont regroupées dans l’Union Européenne de Yoga dans un esprit d’ouverture et de partage, afin d’entreprendre des recherches et d’échanger sur les différentes pratiques.
Puisse le Yoga nous faire prendre conscience de l'unité de toute Vie.
Puisse sa pratique nous délivrer et nous faire connaître la liberté et la paix.
Yogis de tous points de vue, Unissez vous !
« Il est dur d’être un homme libre dans le monde, tout en vivant la vie ordinaire des hommes ; mais justement parce que c’est dur, il faut tenter de l’accomplir ». Sri Aurobindo
Bibliographie
La mère : Pensées et aphorismes de Sri Aurobindo. Volume 10. Edition Sri Aurobindo ashram.
Françoise Mazet : Yoga Sutras de Patanjali. Editions Albin Michel.
Yogivon, auteur de cet article
Yogi-jardinier et chercheur de vérité depuis 1974, j’ai suivi les enseignements de Roger Clerc et Francis Lefebure. A la suite à quelques voyages en Asie, profondément marqué par Sri Aurobindo et le Yoga tibétain, je poursuis une recherche pour un yoga simple, puissant et accessible au plus grand nombre.
(Crédit Photos: prises par l'auteur en 2008 lors du pélérinage du lingam de glace Amarnath yatra, au Cachemire)
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